Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/421

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3o Envers les causes qui l’ont produit.

La première base, c’est le rapport d’un homme envers le monde extérieur que nous voyons plus ou moins, la compréhension plus ou moins nette de la place définie qu’occupe chaque homme envers tout ce qui co-existe avec lui. C’est la base grâce à laquelle il est évident que l’homme qui se noie est moins libre et dépend plus de la fatalité qu’un homme qui reste sur la terre ferme ; cette base grâce à laquelle les actes d’un homme qui vit en rapport très étroit avec les autres hommes dans un pays très peuplé — les actes d’un homme lié par la famille, le service, les affaires, — se présentent individuellement moins libres et plus soumis à la nécessité que ceux d’un homme isolé.

Si nous examinons un individu isolé, abstraction faite de son rapport avec ce qui l’entoure, alors chacun de ses actes nous paraît libre. Mais si nous voyons le moindre rapport envers ce qui l’entoure, si nous voyons son lien avec n’importe quoi, — avec un homme qui lui parle, avec le livre qu’il lit, avec le travail dont il est occupé, même avec l’air qui l’enveloppe, avec la lumière qui tombe sur les objets environnants, — nous voyons que chacune de ces conditions a sur lui une certaine influence et guide au moins une part de son activité. Et plus nous voyons ces influences, plus, dans notre représentation, diminue sa liberté, plus augmente celle de la nécessité à laquelle il est soumis.