Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/43

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haut la tête, parut retenir son rire et regarda fixement Denissov.

— Eh bien ! Où as-tu été te balader ? demanda Denissov.

— Où je me suis baladé ! Je suis allé chercher les Français, répondit Tikhone hardiment, d’une basse rauque et en même temps chantante.

— Pourquoi t’es-tu terré pendant la journée ? Animal ! Et pourquoi n’as-tu rien pris ?

— Prendre ? J’ai pris, dit Tikhone.

— Où est-il donc ?

— Mais d’abord je l’ai pris dès l’aube, continua Tikhone en écartant ses pieds plats en lapti, et je l’ai conduit dans la forêt. Je vois qu’il n’est pas très bon, je pense : j’irai en chercher un meilleur…

— La canaille ! C’est comme ça ! fit Denissov au capitaine. — Pourquoi n’as-tu pas amené celui-ci ?

— Mais pourquoi l’amener ? interrompit vivement Tikhone, avec colère : Il n’est pas bon. Est-ce que je ne sais pas lesquels il vous faut !

— Quel animal ! Eh bien ?

— Je suis allé en chercher un autre. J’ai grimpé comme ça dans la forêt et je me suis couché.

Tikhone, tout à fait à l’improviste, se coucha adroitement sur le ventre pour montrer comment il avait fait.

— Il en est arrivé un, continua-t-il. Je l’ai attrapé comme ça.

Tikhone bondit rapidement, agilement.