Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/434

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sentation claire de la vie de l’homme. En dehors de ces deux conceptions, aucune représentation de la vie n’est possible.

Tout ce que nous savons de la vie des hommes n’est qu’un certain rapport entre la liberté et la nécessité, c’est-à-dire entre la conscience et les lois de la raison. Tout ce que nous connaissons du monde extérieur, de la nature, n’est qu’un certain rapport des forces de la nature envers la nécessité, ou de l’essence de la vie envers les lois de la raison.

Les forces de la vie de la nature sont en dehors de nous et ne sont pas comprises par nous, et nous appelons ces forces attraction, inertie, électricité, force animale, etc. Mais nous comprenons la force de la vie de l’homme et l’appelons liberté. Et, de même que la force de l’attraction incompréhensible en soi-même, sentie par chaque homme, n’est compréhensible pour nous que dans la mesure où nous connaissons les lois de la nécessité qui la régissent (depuis la connaissance primitive que tous les corps sont pesants jusqu’à la connaissance des lois de Newton), de même, la force de la liberté reconnue par chacun de nous, incompréhensible en soi-même, ne nous est accessible que quand nous connaissons les lois de la nécessité auxquelles elle est soumise (en commençant par cela que chaque homme est mortel, jusqu’à la connaissance économique ou historique de l’homme la plus complète).

Chacune de nos connaissances n’est que l’adap-