Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/454

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sont les détails seuls qui dominent. En outre, à quoi bon ce débordement de conversations françaises ? Il suffit de dire que la conversation avait lieu en français. C’est tout à fait inutile et l’impression produite est désagréable. En général, on remarque chez lui une grande négligence de langue, c’est évidemment une préface, le fond d’un futur tableau. Mais, quelque intérêt que présentent ces petits détails, on ne peut s’empêcher de dire que ce fond prend une trop grande place[1]. »

Tourgueneff, dans une lettre à Fet, du 25 mars 1866, écrit : « La deuxième partie de 1805 est faible. Comme tout cela est petit et artificiel ! Est-ce que Tolstoï n’en a pas assez de ses raisonnements éternels : Suis-je ou non un poltron ? Et toute cette pathologie de la bataille ? Où sont ici les traits de l’époque ? Où sont les couleurs historiques ? Denissov est assez bien décrit, mais cette figure serait bien pour un dessin sur un fond ; or, le fond manque[2]. »

Les lecteurs remarqueront que Botkine reproche à Tolstoï l’abondance du fond et Tourgueneff son absence. Plus tard, dans la lettre à Fet du 8 juin 1866, Tourgueneff s’exprime encore plus crûment : « Le roman de Tolstoï est mauvais non par la contagion du raisonnement : il n’a pas à craindre ce malheur. Le roman est mauvais parce que l’auteur n’a rien

  1. A. Fet. Souvenirs, IIIe partie, p. 60.
  2. A. Fet. Mes Souvenirs, IIe partie, p. 88.