Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/75

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

saque qui était près de lui et lui fit un signe de tête.

— Le signal ! prononça-t-il.

Le Cosaque leva la main et le coup éclata.

Au même moment s’entendirent les pas des chevaux qui s’élancaient en avant, puis encore des coups, et, de divers côtés, des cris.

Dès qu’éclatèrent les premiers sons des pas et des cris, Pétia, frappant son cheval, sans obéir à Denissov qui criait après lui, galopa en avant bride abattue. À Pétia, dès qu’éclata le premier coup, il sembla qu’il faisait clair comme en plein jour. Il s’approcha du pont. Devant, sur la route, galopaient les Cosaques. Sur le pont il se heurta à un Cosaque en retard et s’élança plus loin. Devant lui, des gens quelconques, probablement des Français, couraient de chaque côté de la route ; l’un d’eux tomba dans la boue sous les pieds du cheval de Pétia. Des Cosaques étaient près d’une isba. Du milieu de la foule s’entendit tout à coup un cri terrible. Pétia s’élança vers cette foule et, la première chose qu’il vit, ce fut le visage pâle d’un Français, la mâchoire inférieure tremblante, qui retenait la hampe d’une pique dirigée contre lui.

— Hourra !… Enfants !… Les nôtres ! cria Pétia dont le cheval, les brides flottantes, courait en avant dans la rue.

En avant, des coups éclataient. Les Cosaques, les hussards et les prisonniers russes déguenillés qui couraient des deux côtés de la route, tous pous-