Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol13.djvu/204

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bitude — l’ordre, la régularité et, principalement l’art de vivre et se bien conduire avec les autres.

Regardez comment un fils de paysan s’habitue à être maître de maison, le fils du sacristain, en lisant dans le chœur, à être chantre, le fils d’un éleveur kirghiz à être éleveur ; dès leur bas âge, ils se mettent en rapport direct avec la vie, la nature et les hommes. Dès la jeunesse ils apprennent en travaillant et garantis du côté matériel de la vie, c’est-à-dire sûrs du morceau de pain, du vêtement et du gîte. Et regardez un étudiant détaché de la maison, de la famille, abandonné dans une ville étrangère, remplie de tentations pour son âge, sans moyens d’existence (parce que les parents donnent de l’argent seulement pour le nécessaire et que cet argent est dépensé pour le plaisir), dans le cercle des camarades dont la société ne fait qu’augmenter ses défauts, sans guide, sans but, détaché du milieu ancien, sans s’incorporer au milieu nouveau. Voilà, à de rares exceptions, quelle est la situation des étudiants. De ce milieu sortent ou des fonctionnaires bons seulement pour le gouvernement, ou des professeurs-fonctionnaires, ou des littérateurs-fonctionnaires inutiles à la société, ou des hommes arrachés sans aucun but à leur ancien milieu, leur jeunesse gâtée et qui ne trouvent pas de place dans la vie, ce qu’on appelle chez nous les hommes à l’instruction universitaire, les hommes développés, c’est-à-dire des