Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol13.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

parmi les autres paraît incomplète et n’apporte qu’un nouvel anneau à la chaîne de la connaissance du bien et du mal qui est propre à l’humanité.

Le penseur n’exprime que ce qui est perçu par son époque, c’est pourquoi l’instruction de la jeunesse, en vue de cette perception, est tout à fait inutile, car elle est déjà propre à la génération actuelle.

Toutes les théories pédagogiques et philosophiques ont pour but la formation d’hommes vertueux. Et la conception de la vertu ou reste toujours la même ou se développe indéfiniment, et malgré toutes ces théories, la décadence ou l’épanouissement de la vertu ne dépendent pas de l’instruction. Un Chinois vertueux, un Grec vertueux, un Romain, un Français contemporain ou sont tous également vertueux ou tous également éloignés de la vertu.

Les théories philosophiques de la pédagogie résolvent la question : comment rendre un homme aussi bon que possible d’après une certaine théorie de l’éthique élaborée dans l’un ou l’autre temps, théorie reconnue indiscutable ?

Platon ne doute pas des vérités de son éthique et, sur cette base, il construit sa théorie de l’éducation, puis sur cette éducation il construit son État. Schleiermacher dit que l’éthique est une science encore inachevée et que, par conséquent, l’éducation et l’instruction doivent avoir pour but de préparer des