Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol14.djvu/203

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monta dans la grange, par le toit couvert de neige, puis, sortant par un trou de la haie, il revint sur ses pas et regagna son gîte. À l’orient, l’aurore s’empourprait, les étoiles commençaient à pâlir, la vapeur glacée s’épaississait au-dessus du sol. Au village voisin, les femmes s’éveillaient, allaient chercher de l’eau : des paysans passaient, portant le fourrage ; des enfants criaient et pleuraient. Les convois, plus nombreux, cheminaient vers la grand’route ; les charretiers parlaient plus fort.

Le lièvre franchit la route, s’approcha de son ancien gîte, se choisit, un peu plus haut, un autre emplacement, creusa la neige, se coucha au fond de son nouveau gîte, abaissa ses oreilles sur son dos et s’endormit, les yeux ouverts.


Dieu voit la vérité, mais il ne la dit pas tout de suite.

Dans la ville de Vladimir, vivait un jeune marchand du nom d’Aksénov. Il possédait deux boutiques et une maison.

D’un extérieur agréable, Aksénov était blond, frisé, joli garçon, aimant la bombance et les chansons. Dans sa jeunesse, il buvait beaucoup, et quand il avait bu, faisait du tapage. Mais une fois marié, il ne but plus que fort rarement.

Un jour d’été, Aksénov partit à la foire de Nijni-