Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol14.djvu/206

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On venait de le retirer de son sac ; la terreur l’envahit.

— D’où vient ce sang sur le couteau ?

Aksénov voulait répondre mais ne pouvait articuler un seul mot.

— Moi… je ne sais pas… je… un couteau… moi… il n’est pas à moi.

Alors le commissaire dit :

— Ce matin, on a trouvé le marchand égorgé dans son lit. Personne autre que toi n’a pu commettre le crime. L’isba était fermée en dedans et toi seul y étais. De plus, voici un couteau taché de sang qu’on a trouvé dans ton sac. Du reste, ton crime se lit sur ton visage. Avoue tout de suite comment tu l’as tué, combien d’argent tu as volé.

Aksénov jure qu’il n’est pas coupable, qu’il n’a pas vu le marchand depuis qu’il a pris le thé avec lui, qu’il n’a que son propre argent, huit mille roubles, et que le couteau n’est pas à lui. Mais sa voix est mal assurée, son visage est devenu pâle, et il tremble de peur comme un coupable.

Le commissaire, ayant appelé les soldats, ordonna de le ligoter et de le placer dans la voiture, les pieds garrottés. Aksénov se signa et pleura. On lui prit ses effets et son argent et on l’envoya à la prison de la ville voisine. On ordonna une enquête à Vladimir ; tous les marchands et habitants déclarèrent qu’Aksénov, bien qu’ayant aimé la boisson et les plaisirs dans sa jeunesse, était un brave