Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol14.djvu/27

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L’un ajoutera, tout à fait inutilement, que la pie saute, un autre qu’elle crie très drôlement, un troisième qu’elle est voleuse. Qu’ils ajoutent et disent tout ce qui s’est éveillé en leur mémoire et leur imagination ; c’est l’affaire du maître de ramener leur attention au programme, et il doit prendre acte de ces observations pour établir d’autres parties du programme. En abordant un nouveau sujet, les enfants, à chaque occasion, reviendront au sujet déjà étudié. Ainsi, quand ils auront remarqué que la pie est couverte de plumes, le maître demandera : Est-ce que le zizel est aussi couvert de plumes ? De quoi est-il couvert ? Et la poule, de quoi est-elle couverte ? Et le cheval ? Et le renard ? Quand ils auront remarqué que la pie a deux pattes, le maître demandera : Et le chien, combien a-t-il de pattes ? Et le renard ? Et la poule ? Et la guêpe ? Quels animaux connaissez-vous qui ont deux pattes ? quatre pattes, six pattes ? »[1]

Une question se pose d’elle-même : les enfants savent-ils ou non ce qu’on leur raconte si bien dans cette causerie ? S’ils le savent, alors il faut reconnaître que dans la rue, à la maison, partout où il ne faut pas lever la main gauche pour demander la permission de parler, on sait dire tout cela, et en meilleur russe qu’on ne le fait ici. On ne leur dira jamais que le cheval est couvert de poils ; alors

  1. Bounakov, p. 22.