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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol14.djvu/342

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— Je vais vous faire donner le meilleur habit, une Tcherkeska[1] et des bottes. Vous serez vêtus comme des mariés. Je vous nourrirai comme des princes. Si vous désirez vivre ensemble, j’y consens ; on vous logera dans le même hangar… Mais je ne puis vous enlever vos entraves, car vous vous enfuiriez. On ne vous les ôtera que pendant la nuit.

Puis il s’approcha de lui, et, de nouveau, lui tapota l’épaule.

— Toi, bon, dit-il. Moi, bon.

Jiline écrivit, mais il mit une fausse adresse afin que la lettre ne parvînt point, et il pensa : « Je m’enfuirai ! »

On emmena Jiline et Kostiline dans le hangar. On leur apporta de la paille de maïs, de l’eau, du pain, deux vieilles tcherkeska et des bottes éculées provenant, sans doute, de quelques soldats tués.

Quand vint la nuit, on leur retira les entraves et on ferma le hangar.

  1. Sorte de tunique portée par les militaires au Caucase.