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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol14.djvu/456

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devais à temps me témoigner ta reconnaissance, tu devais à temps me récompenser, car maintenant tu ne me verras plus, tu ne regarderas plus mes yeux limpides ! »

Et Soukhman retira de ses plaies les feuilles de coquelicots et Soukhman-la-Lumière dit :

— « Coule, rivière Soukhman, coule mon sang bouillant ! mon sang versé pour des ingrats ! Ah ! rivière Soukhman, sois sœur du fleuve Dniéper ! »


Le Géant Volga[1].

Ce ne sont pas les petites et multiples étoiles qui se sont répandues sur le ciel. Ce n’est pas la lune argentée qui a brillé dans le ciel haut, c’est le beau soleil qui a éclairé notre terre, la sainte Russie. À notre mère, la sainte Russie, est né un brave, un héros, Volga-Lumière-Bouslaiévitch.

À sa naissance, la terre humide a tremblé, la mer bleue s’est agitée, les poissons se sont enfoncés dans les abîmes marins, les bêtes sauvages se sont cachées dans les forêts. Le royaume turc a tremblé.

  1. Le géant Volga (Volga-Bogatyr) est le premier des héros du cycle primitif. D’abord, sorte de Protée russe, il se revêt peu à peu des attributs princiers, et les bylines qui portent son nom offrent un tableau exact de la vie princière de cette époque. Le Volga des bylines ne serait autre que le prince Oleg, dont le grand exploit fut son expédition contre Constantinople. (N. du T.)