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XV

Après la soirée, Kitty raconta à sa mère sa conversation avec Lévine ; malgré tout le chagrin qu’elle éprouvait pour lui, elle était heureuse à la pensée qu’on lui avait fait une déclaration. Elle avait la conviction d’avoir bien agi, mais une fois couchée, elle fut longtemps avant de s’endormir. Une vision la poursuivait obstinément : c’était le visage de Lévine, les sourcils froncés, ses yeux pleins de bonté, assombris et tristes, restant obstinément baissés quand il se tenait debout en face de son père, et promenant son regard d’elle-même à Vronskï. Elle avait tant de peine pour lui que des larmes lui vinrent aux yeux. Mais aussitôt elle pensa à celui à qui elle l’avait sacrifié : elle se rappela vivement son visage mâle et assuré, sur lequel se lisaient son noble calme et sa bonté à l’égard de