Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol15.djvu/147

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Allons, maintenant la foule s’est écoulée, dit Vronskï.

La femme de chambre prit le sac et le petit chien, le domestique et un porteur se chargèrent des autres colis. Vronskï donna le bras à sa mère. Mais tout à coup, comme ils sortaient du wagon, quelques hommes, la mine effarée, passèrent en courant devant eux, et à leur suite le chef de gare, coiffé d’un bonnet d’une couleur voyante, accourut aussi.

Évidemment, quelque chose d’extraordinaire venait de se passer. Les voyageurs du train couraient également.

— Quoi !… Qu’y a-t-il ?… Où s’est-il jeté ?…

— Est-il écrasé ? criait-on dans la foule.

Stépan Arkadiévitch, tenant sa sœur par le bras, était revenu aussi, tout effrayé ; et, pour éviter la foule, ils s’arrêtèrent à l’entrée du wagon. Les dames y entrèrent, Vronskï et Stépan Arkadiévitch suivirent la foule pour savoir ce qui s’était passé : un homme d’équipe, probablement ivre, ou trop emmitouflé à cause du grand froid, n’avait pas entendu le mouvement de recul du train et avait été écrasé.

Avant le retour de Vronskï et d’Oblonskï les dames apprirent ces détails par le domestique.

Oblonskï et Vronskï avaient vu tous deux le cadavre mutilé. Oblonskï en était tout bouleversé : son visage se contractait et il semblait prêt à pleurer.