Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol15.djvu/17

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présence de sa femme, après la découverte de son crime. Paraître offensé, nier, se justifier, demander pardon, rester même indifférent, tout aurait été mieux que ce qu’il avait fait. Son visage, tout à fait involontairement, « par suite d’un réflexe du cerveau, » pensa Stépan Arkadiévitch qui aimait la psychologie, sourit tout à coup, de son sourire ordinaire, à la fois bon et niais.

Cette attitude déplacée, il ne pouvait se la pardonner. À ce sourire, Dolly tressaillit comme sous l’aiguillon d’une douleur physique et, avec son emportement accoutumé, laissa échapper un torrent de mots cruels puis s’enfuit de la chambre. Depuis elle n’avait pas voulu revoir son mari.

« La cause de tout, c’est ce sourire bête, se disait Stépan Arkadiévitch. Mais que faire, que faire ? » répétait-il avec désespoir sans trouver de solution.