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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol15.djvu/170

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autour de la table, chez les Oblonskï, elle fut tout à coup interrompue par un événement d’apparence très simple, mais qui, on ne sait pourquoi, parut étrange à tout le monde. On parlait des connaissances communes de Pétersbourg et Anna se leva subitement.

— J’ai ce portrait dans mon album, et par la même occasion je vous montrerai mon Serioja, dit-elle avec un sourire de fierté maternelle.

C’était à dix heures qu’ordinairement elle disait bonsoir à son fils, et souvent même, avant de partir au bal, elle l’endormait ; soudain, elle devint triste à la pensée qu’elle était loin de lui, et, bien que l’on parlât d’autre chose, elle ne cessait de penser à son Serioja aux cheveux bouclés. Elle éprouvait le besoin de regarder sa photographie et de parler de lui. Profitant du premier prétexte, elle se leva et, de son allure légère et décidée, alla chercher l’album.

L’escalier par où l’on montait chez elle donnait dans le grand vestibule chauffé qui servait d’entrée. Au moment où elle quittait le salon, un coup de sonnette retentit dans l’antichambre.

— Qui cela peut-il être ? dit Dolly.

— Pour qu’on vienne me chercher, c’est encore trop tôt et pour un étranger, c’est déjà tard, remarqua Kitty.

— Ce sont probablement des papiers pour moi, ajouta Stépan Arkadiévitch ; et comme Anna passait