Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol15.djvu/213

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sidéraient le mariage comme un des multiples actes de la vie sociale. Pour lui c’était l’acte principal de la vie, d’où devait dépendre tout son bonheur. Et maintenant, il lui fallait y renoncer !

Il entra dans le petit salon, où il prenait toujours le thé, et s’assit dans son fauteuil avec un livre ; Agafia Mikhaïlovna lui apporta le thé, en lui disant comme de coutume : « Permettez-moi de m’asseoir, petit père », et elle s’assit sur une chaise près de la fenêtre ; chose étrange, il ne se détacha pas de ses rêves et sentit qu’il ne pouvait vivre sans eux. « Que ce soit avec elle ou avec une autre, pensait-il, il faut que cela soit ! » Il lisait avec attention, puis s’arrachait à sa lecture pour écouter Agafia Mikhaïlovna qui bavardait sans cesse et, en même temps, les divers tableaux du mariage, et de la future vie de famille se présentaient à son imagination. Il sentait que, dans le fond de son âme, quelque chose se fixait, se modérait et se calmait.

Il écoutait les bavardages d’Agafia Mikhaïlovna. Elle disait que Prokhor avait oublié Dieu, qu’il buvait sans trêve, dépensant ainsi l’argent que lui avait donné Lévine pour acheter un cheval, et qu’il avait battu sa femme jusqu’à la tuer presque. Il l’écoutait tout en lisant son livre et se rappelait tout l’enchaînement des pensées qu’avait éveillées en lui sa lecture. C’était un ouvrage de Tyndall sur la chaleur. Il se souvint d’avoir critiqué Tyndall, lui reprochant d’être trop satisfait de la réussite de ses