Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol15.djvu/254

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vous habillerez jamais, et j’aurai sur la conscience d’avoir fait commettre à un homme distingué le plus grand crime, celui de ne pas se laver. Alors, vous me conseillez de lui mettre le couteau sur la gorge ?

— Absolument, et que votre main soit bien près de ses lèvres : il baisera cette main et tout finira bien, répondit Vronskï.

— Alors, à ce soir, au Théâtre français !

Et, avec un froufrou de robe, elle disparut.

Kamerovskï se leva aussi et Vronskï, sans attendre sa sortie, lui serra la main et passa dans le cabinet de toilette. Pendant qu’il se lavait, Petritzkï lui narra brièvement sa situation et quels changements étaient survenus depuis son départ. Plus d’argent, son père a déclaré n’en plus vouloir donner et ne pas payer les dettes ; un tailleur veut le faire arrêter, un autre menace de le poursuivre ; le colonel a déclaré que s’il ne mettait fin au scandale, il l’obligerait à démissionner ; la baronne l’embête, sans compter qu’elle veut lui donner de l’argent ; et puis il y a une femme — il la lui montrera — une beauté, un charme, la beauté sévère de l’Orientale, genre de l’esclave Rébecca « comprends-tu ; » enfin il s’est querellé avec Berkhachev, il veut lui envoyer ses témoins, mais il est probable que l’affaire n’aura pas de suites. Bref en un mot, tout va admirablement et très gaiement… Et, sans donner à son camarade le temps de s’informer au-