Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol15.djvu/294

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Cette conversation se poursuivit par des allusions à ce dont, précisément, on n’aurait pas dû parler dans ce salon : les relations de Toutchevitch avec la maîtresse du logis.

Autour du samovar et de l’hôtesse, la conversation avait hésité pendant un moment entre trois thèmes inévitables : les derniers potins, le théâtre et la médisance ; finalement, elle s’était arrêtée à ce dernier.

— Savez-vous que madame Maltistchev, pas la fille, la mère, se fait un costume de diablotin rose ?

— Pas possible ! Non, c’est délicieux !

— Je m’étonne qu’avec son intelligence elle ne s’aperçoive pas qu’elle est ridicule.

Chacun disait son mot sur la malheureuse madame Maltistchev, et la conversation pétilla gaîment comme un bûcher qui s’enflamme.

Le mari de la princesse Betsy, un bon gros collectionneur, passionné de gravures, apprenant que sa femme avait des invités, entra au salon avant de se rendre au club. Sans bruit, sur le tapis moelleux, il s’approcha de la princesse Miagkaia.

— Comment avez-vous trouvé la Nilsonn ? lui demanda-t-il.

— Ah ! peut-on glisser ainsi ! Vous m’avez effrayée, répondit-elle. Ne me parlez pas d’opéra, je vous prie, vous n’entendez rien à la musique ; mieux vaut que je descende jusqu’à vous et vous parle de majoliques et de gravures. Eh bien ! quel