Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol15.djvu/303

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comme après un danger évité, quand elle eut prononcé ces paroles.

Tout d’un coup, elle s’adressa à lui :

— J’ai reçu une lettre de Moscou, dit-elle, on m’écrit que Kitty Stcherbatzkï est très malade.

— Vraiment ! fit-il en fronçant les sourcils.

Anna le regardait sévèrement.

— Cela ne vous intéresse pas ?

— Au contraire, beaucoup ? Que vous écrit-on de particulier ? Peut-on savoir ? demanda-t-il.

Anna se leva et s’approcha de Betsy.

— Donnez-moi une tasse de thé, dit-elle en s’arrêtant derrière sa chaise.

Pendant que Betsy versait le thé, Vronskï s’approcha d’Anna.

— Que vous écrit-on ? répéta-t-il.

— Je pense souvent que les hommes ne comprennent pas ce qui n’est pas noble, bien qu’ils en parlent toujours, dit Anna sans répondre à sa question. Je voulais vous le dire depuis longtemps, ajouta-t-elle et, faisant quelques pas, elle s’assit près de la table du coin, où étaient les albums.

— Je ne comprends pas ce que signifient vos paroles, dit-il en lui donnant sa tasse.

Elle regarda près d’elle le canapé ; il s’assit aussitôt. — Oui, j’ai voulu vous dire, commença-t-elle sans le regarder, que vous avez mal agi, très mal agi.

— Je le sais ! Mais qui en est cause ?