Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol15.djvu/352

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— C’est peut-être parce que je me réjouis de ce que j’ai et ne regrette pas ce qui me manque, dit Lévine songeant à Kitty.

Stépan Arkadiévitch comprit, le regarda mais ne dit rien.

Lévine était reconnaissant à Oblonskï, qui, avec son tact habituel, remarquant que Lévine avait peur de parler des Stcherbatzkï, n’en disait rien.

Cependant Lévine voulait enfin savoir ce qui le tourmentait tant, mais il n’osait pas entamer cette conversation.

— Eh bien ! comment vont tes affaires ? Hein ? dit Lévine trouvant que ce n’était pas bien de sa part de ne penser qu’à lui-même.

Les yeux de Stépan Arkadiévitch brillèrent gaiement.

— Mais tu ne comprends pas qu’on puisse aimer le pain blanc, quand on a du pain noir ; selon toi c’est un crime et moi je n’admets pas la vie sans l’amour, dit-il, comprenant à sa façon la question de Lévine. Qu’y faire ? Je suis ainsi fait. Et vraiment cela ne fait de tort à personne et fait tant de plaisir à soi-même…

— Quoi ? y a-t-il quelque chose de nouveau ? demanda Lévine.

— Il y a, mon cher. — Voilà… tu connais le type des femmes d’Ossian, des femmes qu’on voit en rêve… Eh bien, ces femmes existent en réalité… et elles sont terribles. La femme, vois-tu, tu auras