Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol15.djvu/414

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lement, il se ressaisit, regarda sa montre et comprit qu’il était cinq heures et demie, et qu’il était en retard.

Ce jour-là il y avait plusieurs courses : les courses des officiers de la garde impériale, des courses de deux verstes, de quatre verstes et, enfin, le steeple-chase auquel il prenait part. Il avait le temps d’arriver pour cette course, mais s’il allait chez Brianskï, il arriverait juste quand toute la Cour impériale serait déjà là, ce qui n’était pas bien. Néanmoins comme il avait donné à Brianskï sa parole qu’il irait chez lui, il résolut d’y aller, et il recommanda au cocher de ne pas ménager l’attelage.

Il arriva chez Brianskï, resta avec lui cinq minutes et repartit aussitôt. Cette allure rapide le calma. Tout ce qui était pénible dans ses relations avec Anna, tout le vague qui restait après leur conversation, sortit de sa tête. Avec un plaisir mêlé d’émotion il pensait maintenant aux courses, auxquelles, malgré tout, il arriverait à temps, et, par moments, la perspective du bonheur du rendez-vous promis pour cette nuit enflammait son imagination d’une vive lumière.

L’émotion des courses prochaines le saisissait de plus en plus à mesure qu’il se rapprochait de l’hippodrome, et qu’il dépassait les voitures de ceux qui arrivaient de leurs villas ou de Pétersbourg et des environs pour y assister.