Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol15.djvu/442

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Elle s’assit près de son mari.

— Tu n’as pas l’air tout à fait bien, dit-elle.

— Oui, aujourd’hui, le docteur est venu me voir, il m’a pris une heure de temps. Je sens que c’est quelque ami qui me l’a envoyé, on trouve ma santé si précieuse !…

— Mais, que t’a-t-il donc dit ?

Elle l’interrogeait sur sa santé, sur ses occupations, le priait de se reposer, de s’installer à la campagne. Elle disait tout cela gaîment, rapidement, avec un éclat particulier des yeux. Mais Alexis Alexandrovitch n’attachait à ce ton aucune importance. Il n’entendait que les paroles et ne leur attribuait que le vrai sens qu’elles avaient. Et il lui répondait simplement bien qu’en plaisantant. Dans toute cette conversation il n’y avait rien de particulier, mais par la suite, Anna ne put jamais se rappeler cette scène, sans en éprouver de la honte.

Sérioja entra, accompagné de sa gouvernante. Si Alexis Alexandrovitch s’était permis d’observer, il aurait remarqué le regard timide, distrait, avec lequel Serge regarda son père et sa mère. Mais il ne voulait rien voir, il ne voyait pas.

— Eh bien ! jeune homme ! Il a grandi ! Vraiment, il devient un homme ! Bonjour, jeune homme !

Et il tendit sa main à Serge effrayé.

L’enfant avait toujours été timide avec son père, mais depuis qu’Alexis Alexandrovitch l’appelait « jeune homme », et qu’il cherchait à savoir si