Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol16.djvu/321

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mandes et de leurs déclarations faisaient le jeu du parti hostile et gâtaient par conséquent toute l’affaire. Alexis Alexandrovitch les retint longtemps, leur traça un programme dont ils ne devaient pas sortir et, une fois qu’ils furent partis, écrivit des lettres à Pétersbourg pour recommander la députation. Son auxiliaire principale, en cette affaire, devait être la comtesse Lydia Ivanovna. Les députations étaient sa spécialité et personne ne savait comme elle les faire valoir ni leur donner leur vraie direction. Cela fait, Alexis Alexandrovitch écrivit à l’avocat. Sans la moindre hésitation, il lui donnait pleine et entière liberté d’action. Il glissa dans la lettre trois billets de Vronskï à Anna, trouvés dans le portefeuille qu’il avait pris à cette dernière.

Depuis qu’Alexis Alexandrovitch avait quitté la maison avec l’intention de n’y pas retourner, depuis qu’il avait consulté l’avocat, qu’il avait confié à un homme ses intentions, depuis, surtout, qu’il avait transformé cette affaire de la vie en affaire de paperasses, il s’habituait de plus en plus à cette résolution et voyait clairement la possibilité de la réaliser. Il cachetait l’enveloppe adressée à son avocat quand il entendit retentir la voix forte de Stépan Arkadiévitch. Celui-ci parlementait avec le domestique et insistait pour être annoncé.

« Qu’importe ! pensa Alexis Alexandrovitch. Tant mieux, je lui raconterai tout de suite quelle est ma