Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol16.djvu/423

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venu très sérieux. Non seulement j’arrange mes affaires mais aussi celles des autres, dit-il d’un air important.

— Ah ! j’en suis très contente, répondit Betsy comprenant aussitôt qu’il parlait d’Anna, et retournant au salon, ils s’arrêtèrent dans un coin.

— Il la tuera ! chuchota Betsy, d’un ton prophétique. C’est impossible ! Impossible !…

— Je suis très heureux que vous pensiez ainsi, dit Stépan Arkadiévitch hochant la tête d’un air sérieux et compatissant. C’est pourquoi je suis venu à Pétersbourg.

— Toute la ville en parle… C’est une situation impossible… Elle fond, elle fond… Il ne comprend pas que c’est une de ces femmes qui ne peuvent pas plaisanter avec leurs sentiments. De deux choses l’une : ou qu’il la mène énergiquement, ou qu’il divorce. — Mais cette situation… cela l’étouffe !…

— Oui, oui, précisément, soupira Oblonskï. C’est pourquoi je suis venu… c’est-à-dire pas seulement pour cela… On m’a fait chambellan et je suis tenu à des remerciements… Mais, le principal est d’arranger cette affaire.

— Que Dieu vous aide ! dit Betsy.

Stépan Arkadiévitch accompagna la princesse jusqu’au vestibule, lui baisa encore une fois la main, au-dessus du gant, à l’endroit où bat le pouls, tout en lui racontant des histoires si grivoises qu’elle ne savait au juste si elle devait en rire ou se