Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol16.djvu/433

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et loin de les considérer comme celui-ci, il les jugeait irréalisables. Le divorce, moyen qu’il connaissait déjà, lui semblait maintenant impossible : le sentiment de sa propre dignité et son respect de la religion, ne lui permettaient pas de prendre sur lui l’accusation de faux adultère, et encore moins d’admettre que la femme à laquelle il avait pardonné et qu’il aimait, fût prise en flagrant délit et couverte de honte. D’autres considérations, non moins importantes, lui faisaient rejeter le divorce.

Qu’adviendrait-il en effet de son fils en cas de divorce ? Devrait-il le laisser avec la mère ? Assurément, non ; une fois divorcée, celle-ci aurait sa famille illégitime, dans laquelle la situation du beau-fils serait très pénible et son éducation très mauvaise. Devrait-il alors le garder ? Ce serait là un moyen de vengeance dont il ne voulait pas. Mais en outre, le divorce lui paraissait impossible, parce qu’en y consentant, par cela même il perdait Anna. Il se rappelait que Daria Alexandrovna lui avait dit, à Moscou, qu’en se décidant au divorce il ne pensait qu’à lui-même, tandis qu’il la jetait à sa perte. Ces paroles, maintenant qu’il avait pardonné et qu’il s’était attaché aux enfants, il les comprenait à son gré. Consentir au divorce, lui donner la liberté, c’était, selon lui, abandonner les derniers liens qui le rattachaient à la vie : les enfants qu’il aimait ; en outre, c’était la priver du seul appui qui lui restât dans la voie du bien, en un mot concourir à