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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol17.djvu/161

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le regard de mon fils. Il n’osait pas me faire de questions et moi je n’osais pas le regarder. Il avait peur de moi… Et ce n’est rien encore…

Alexis Alexandrovitch voulut parler de la facture qu’on avait apportée, mais sa voix trembla et il s’arrêta. Cette facture sur papier bleu, pour un chapeau et des rubans, il n’y pouvait songer sans s’apitoyer sur lui-même.

— Je comprends, mon ami ; je comprends tout, dit la comtesse Lydie Ivanovna. L’aide et la consolation, vous ne les trouverez pas en moi, mais si je suis venue, c’est pour vous offrir mes services, essayer de vous délivrer de ces petits soucis misérables. Je comprends qu’il faut ici une femme pour donner des ordres. Me permettez-vous de le faire ?

Alexis Alexandrovitch se tut et lui serra la main avec reconnaissance.

— Nous nous occuperons tous deux de Serge. Je ne suis pas très entendue quant aux choses de la vie pratique, mais je m’y mettrai. Je serai votre intendante. Ne me remerciez pas ; je ne le fais pas de moi-même.

— Comment ne pas vous remercier ?

— Mais, mon ami, ne cédez pas au sentiment dont vous parliez tout à l’heure ; n’ayez pas honte de ce qui est le plus haut degré de la perfection chrétienne. « Celui qui s’abaisse sera élevé. » Et ne me remerciez pas. C’est Lui qu’il faut remercier, c’est à Lui qu’il faut demander l’aide. En Lui seul