Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol18.djvu/111

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de l’enfant. Donnez-le moi, Elisabeth Petrovna !… lui aussi le verra.

— Bien, que le papa le voie, dit Elisabeth Petrovna, en soulevant et apportant quelque chose de rouge qui s’agitait.

— Attendez, il faut d’abord faire notre toilette.

Elisabeth Petrovna posa cette chose tremblante et rouge sur le lit, se mit à dévêtir et revêtir l’enfant, le soulevant et le retournant entre deux doigts, tout en poudrant son petit corps.

Lévine à la vue de cette petite créature misérable faisait de vains efforts pour trouver dans son âme quelque trace du sentiment paternel. Il ne ressentait pour lui que du dégoût. Mais quand il vit le petit corps nu, quand se montrèrent ces tout petits bras, ces petits pieds aux doigts si menus avec l’orteil bien distinct, quand il vit Elisabeth Petrovna serrer ces petits membres mous dans des bandes de toile, il éprouva une telle pitié pour ce petit être, une telle crainte qu’elle ne lui fit mal, qu’il la retint par le bras.

Elisabeth Petrovna se mit à rire :

— N’ayez pas peur ! N’ayez pas peur !

Quand l’enfant fut arrangé et transformé en une poupée solide, Elisabeth Petrovna le montra, fière de son travail, et s’éloigna pour que Lévine pût voir son fils dans toute sa beauté. Kitty, les yeux fixes, regardait le même endroit.