Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol18.djvu/138

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réponse, j’ai reçu l’invitation de venir ce soir chez la comtesse Lydie Ivanovna.

— C’est ça ! C’est ça ! fit la princesse Miagkaïa avec joie. Il prendra l’avis de Landau.

— De Landau ? Pourquoi ? Quel est ce Landau ?

— Comment, vous ne savez pas, Jules Landau, le fameux Jules Landau, le clairvoyant ? C’est aussi un toqué, mais c’est de lui que dépend le sort de votre sœur. Voilà ce que c’est que de vivre en province, vous ne savez rien : Landau était commis dans un magasin de Paris ; un jour, il alla consulter un médecin. Dans la salle d’attente du docteur, il s’endormit, et alors se mit à donner aux malades des conseils, et des conseils extraordinaires. Ensuite, vous connaissez Iuri Mélédinski, le malade ? Sa femme entendit parler de ce Landau et le fit appeler pour son mari. Il le soigne maintenant. À mon avis, il ne lui fait aucun bien, l’autre est toujours aussi malade. Mais eux croient en lui et l’emmènent partout avec eux. Ils l’ont amené en Russie. Là, tous se jetèrent sur lui et maintenant il soigne tout le monde. Il a guéri la comtesse Bézoubov, et elle a tant d’affection pour lui qu’elle l’a adopté.

— Comment, adopté ?

— Oui, adopté : maintenant il n’est plus Landau mais comte Bézoubov… Mais il ne s’agit pas de cela… Lydie — je l’aime beaucoup, mais elle n’a pas sa tête en place — naturellement, s’est accro-