Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol18.djvu/151

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tenant les plis de sa robe de soie, pour ne pas faire de bruit et, dans son émotion, appelant Karénine, « mon ami ». Donnez-lui la main. Vous voyez ? Chch… fit-elle au valet qui entrait de nouveau. Je ne reçois pas.

Le Français, la tête appuyée au dossier de la chaise, dormait ou feignait de dormir. Sa main en sueur, posée sur ses genoux, s’agitait faiblement comme pour saisir quelque chose. Alexis Alexandrovitch se leva, s’approcha, accrochant la table, et mit sa main dans celle du Français. Stépan Arkadiévitch se leva aussi et ouvrant largement les yeux, désirant s’éveiller s’il dormait, il regarda tantôt l’un, tantôt l’autre. Tout cela était-il réellement ? Dans sa tête tout s’obscurcissait de plus en plus.

Que la personne qui est arrivée la dernière, celle qui demande, qu’elle sorte, qu’elle sorte ! prononça le Français sans ouvrir les yeux.

Vous m’excuserez, mais vous voyez… revenez vers dix heures, ou mieux demain matin.

Qu’elle sorte ! répéta impatiemment le Français.

— C’est moi, n’est-ce pas ? Et sur la réponse affirmative, Stépan Arkadiévitch oubliant ce qu’il voulait demander à Lydie Ivanovna et ce qui intéressait sa sœur, se leva sur la pointe des pieds, ne désirant qu’une chose : sortir de là le plus vite possible.