Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol18.djvu/169

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sitôt elle pensa : « Alors il aurait pu faire comme je voulais. » Du reste, fais comme tu en avais l’intention. Va dans la salle à manger ; je t’y rejoins tout de suite, je vais seulement mettre de côté ces objets inutiles, dit-elle, posant sur les bras d’Annouchka, déjà chargée de chiffons, quelque autre chose encore.

Vronskï mangeait son bifsteck quand elle entra dans la salle à manger.

— Tu ne peux t’imaginer comme j’en ai assez de ces chambres, dit-elle en s’asseyant à côté de lui, pour prendre le café. Il n’y a rien de plus horrible que ces chambres garnies, elles n’ont ni caractère, ni âme… Cette pendule, ces rideaux, et surtout ces papiers, c’est un cauchemar… Je pense à Vosdvijenskoié comme à la terre promise. Tu n’envoies pas encore les chevaux ?

— Non, ils arriveront après nous. Est-ce que tu vas quelque part ?

— Oui, je voudrais aller chez Vilson ; je dois lui rapporter des robes. Alors décidément c’est demain ? — fit-elle d’une voix gaie. Mais tout à coup son visage changea.

Le valet de Vronskï vint lui demander le reçu d’un télégramme envoyé de Saint-Pétersbourg. Il n’y avait rien de particulier dans la réception d’un télégramme, mais, comme s’il voulait lui cacher quelque chose, il répondit que le reçu était dans son cabinet, puis hâtivement il s’adressa à elle.