Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol18.djvu/18

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paraître mais d’être absolument libre et calme.

Lévine rougit beaucoup plus qu’elle quand elle lui raconta qu’elle avait rencontré Vronskï chez la princesse Marie Borissovna. Il lui était très difficile de raconter et encore plus de donner des détails sur leur rencontre, car Lévine sans l’interroger la regardait les sourcils froncés.

— Je regrette beaucoup que tu n’aies pas été là… pas dans la chambre, j’eusse été alors moins naturelle ; maintenant, devant toi, je rougis beaucoup plus, ajouta-t-elle en rougissant jusqu’aux larmes. Mais je regrette que tu n’aies pas pu me voir à travers une fente.

Ses yeux sincères disaient à Lévine qu’elle était contente d’elle-même, et, malgré sa rougeur, il se rassura aussitôt et se mit enfin à lui demander ce que précisément il voulait. Quand il sut tout, jusqu’à ce détail, qu’elle n’avait pu contenir son trouble pendant la première seconde seulement mais qu’ensuite elle s’était sentie à l’aise comme avec n’importe qui, Lévine se montra tout à fait gai, déclara qu’il était très heureux et que, dorénavant, il ne se conduirait pas aussi sottement qu’aux élections mais qu’il profiterait de la première occasion pour en finir avec lui.

— C’est si pénible de penser qu’il existe un homme, presque un ennemi, avec qui il est désagréable de se rencontrer, dit Lévine. Je suis très heureux, très heureux.