Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol18.djvu/214

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moment la vie se présenta à elle avec toutes les joies claires du passé.

Mais elle ne quittait pas des yeux les roues du second wagon qui s’avançait, et quand le milieu fut juste en face d’elle, elle jeta son sac rouge, enfonça sa tête entre ses épaules et s’élança sous la roue ; puis d’un léger mouvement, comme si elle eût voulu se relever aussitôt, elle tomba à genoux. Terrifiée de ce qu’elle venait de faire, elle pensa : « Où suis-je ? Qu’ai-je fait ! Pourquoi ? »

Elle voulut se relever, s’échapper, mais une masse énorme et impitoyable lui frappa la tête et la traîna sur le dos.

« Seigneur Dieu, pardonnez-moi tout ! » pensa-t-elle comprenant l’impossibilité de la lutte.

Le petit moujik, en marmottant, martelait la ferraille. Et la lumière à la lueur de laquelle elle lisait le livre rempli de tant de misères, de tromperies, de souffrances et de mal, brilla d’un éclat plus vif que jamais, éclairant tout ce qui auparavant n’était que ténèbres, puis elle commença à faiblir et s’éteignit pour toujours.


FIN DE LA SEPTIÈME PARTIE