Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol18.djvu/232

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Le troisième, l’artilleur, au contraire, plut beaucoup à Katavassov. C’était un jeune homme modeste et doux, qui, évidemment, s’inclinait devant la science de l’officier de la garde en retraite et devant l’héroïque sacrifice du marchand ; il ne parlait pas de lui-même. Quand Katavassov lui demanda ce qui le poussait à partir en Serbie, il répondit modestement :

— Bah ! tout le monde part. Il faut bien venir en aide aux Serbes ; ils sont à plaindre.

— Oui, surtout il y a peu d’artilleurs là-bas.

— Je n’ai pas servi longtemps dans l’artillerie, peut-être me détachera-t-on au génie ou dans la cavalerie.

— Pourquoi dans le génie quand on a surtout besoin d’artilleurs ? demanda Katavassov, calculant d’après l’âge de l’artilleur qu’il devait avoir déjà un grade assez élevé.

— Je n’ai pas servi longtemps dans l’artillerie ; j’ai démissionné comme sous-officier, dit-il.

Et il se mit à expliquer pourquoi il n’avait pas subi l’examen.

Tout l’ensemble fit sur Katavassov une impression désagréable, et quand les volontaires descendirent à la station suivante pour boire, Katavassov voulut causer avec quelqu’un afin de contrôler cette impression.

Un vieillard en manteau militaire s’était arrêté en passant pour écouter la conversation de Kata-