Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol18.djvu/263

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

famille il était nécessaire de vivre comme avaient vécu son père et son grand’père ; les enfants devaient être dans les mêmes conditions d’instruction, d’éducation. C’était aussi nécessaire que de dîner quand on a faim ; pour ce faire, il fallait préparer le dîner ; il fallait donc faire valoir Pokrovskoié de façon à en tirer un revenu. De même qu’il était indiscutable qu’il fallût payer les dettes, il fallait conserver le patrimoine dans le même état pour que son fils, en le recevant en héritage, pût dire merci à son père, comme Lévine l’avait dit à son grand père pour tout ce qu’il avait planté et bâti. Pour obtenir ce résultat, il ne fallait pas louer la terre, mais la faire valoir soi-même, s’occuper du bétail, fumer les champs, semer les forêts.

Il ne pouvait pas ne point s’occuper des affaires de Serge Ivanovitch, de sa sœur, de tous les paysans qui venaient lui demander conseil, de même qu’on ne peut jeter l’enfant qu’on tient sur ses bras.

Il lui fallait songer au confort de sa belle-sœur et des enfants, de sa femme et de son fils, et il ne pouvait se dispenser de rester avec eux au moins une petite partie de la journée.

Tout cela, avec la chasse et sa nouvelle passion pour les abeilles, remplissait la vie de Lévine, cette vie à laquelle il ne trouvait aucun sens dès qu’il y réfléchissait. Mais outre que Lévine savait indubitablement ce qu’il lui fallait faire, il savait