Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol18.djvu/306

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bas de la jupe de la bonne était sec, mais la robe de Kitty, toute trempée, lui collait au corps. Bien que la pluie eût cessé, elles se tenaient toujours dans la position qu’elles avaient au moment où avait éclaté l’orage. Toutes deux étaient debout, inclinées sur la petite voiture à capote verte.

— Vous êtes vivantes ! Saines et sauves ! Dieu soit loué ! prononça-t-il accourant vers elles, en clapotant dans l’eau qui emplissait ses bottes.

Le visage rouge et mouillé de Kitty était tourné vers lui, et souriait timidement sous son chapeau tout déformé.

— Comment n’as-tu pas honte ? Je ne comprends pas qu’on puisse être si imprudente, dit-il avec dépit à sa femme.

— Je te jure que je ne suis pas coupable. Nous voulions nous en aller, quand il s’est mis à pleurer ; il fallait le changer. Nous allions justement… s’excusait Kitty.

Mitia était sain et sauf et dormait.

— Eh bien ! Dieu soit loué ! Je ne sais pas ce que je dis.

On ramassa les langes mouillés, la bonne retira l’enfant de la voiture et le prit dans ses bras. Lévine marchait près de sa femme, lui serrant tendrement la main et s’excusant de son emportement.