Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol18.djvu/37

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et comme toujours, s’attendrissant à cette opinion si peu flatteuse, que son beau-frère venait d’émettre sur lui-même, non par pose ni par simple désir d’être modeste, mais tout à fait franchement.

— Ah ! je sens maintenant combien je suis peu instruit : pour l’éducation des enfants, il me faut souvent me rafraîchir la mémoire, et même apprendre, car c’est peu d’avoir des professeurs, il faut un surveillant. C’est comme dans votre exploitation : il faut des ouvriers et un surveillant. Tenez, regardez ce que je lis.

Il montra la grammaire de Bouslaiev qui était devant lui sur le bureau.

— On demande cela à Micha, et c’est si difficile. Ainsi expliquez-moi ceci. Il dit que… Lévine voulut lui expliquer que ce n’était pas chose à comprendre, qu’il fallait l’apprendre par cœur, mais Lvov n’était pas de cet avis.

— Oui, vous vous moquez de cela.

— Pas du tout. Vous ne sauriez vous imaginer combien en vous regardant je cherche à m’instruire de ce que j’aurai à faire, à savoir : élever des enfants.

— Oh ! il n’y a ici rien à apprendre, dit Lvov.

— Je ne sais qu’une chose, continua Lévine, que je n’ai jamais vu d’enfants mieux élevés que les vôtres, et je n’en désirerais pas de meilleurs.

Lvov faisait des efforts pour dissimuler sa joie, mais il ne put retenir un sourire qui éclaira son visage.