Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol18.djvu/64

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saurait que faire, tandis qu’elle, tu verras comment elle a arrangé sa vie, combien elle est calme et digne. — À gauche de la petite rue, en face de l’église ! — cria Stépan Arkadiévitch au cocher en se penchant à la portière. Ouf ! qu’il fait chaud ! dit-il, ouvrant davantage sa pelisse déboutonnée, malgré douze degrés de froid.

— Mais elle a une fille ; elle doit s’en occuper, dit Lévine.

— Tu as l’air de te représenter la femme uniquement comme une couveuse : si elle s’occupe, ce ne peut être que des enfants, dit Stépan Arkadiévitch. Non, elle élève très bien sa fille, je crois, mais elle n’en parle jamais. Elle travaille, elle écrit. Je vois que tu souris, mais tu as tort. Elle écrit un livre pour les enfants et elle n’en parle à personne ; elle ne l’a lu qu’à moi et j’ai donné le manuscrit à Vorkouiev… tu sais, cet éditeur… Lui-même écrit, donc il s’y connaît, eh bien, il m’a dit que c’était un livre remarquable. Mais tu vas penser que c’est un bas-bleu ? Nullement ! Avant tout c’est une femme de cœur, tu verras. Maintenant, elle a chez elle une jeune Anglaise et elle s’occupe de toute sa famille…

— Une œuvre philanthropique ?

— Ah ! tu as la manie de chercher la petite bête. Ce n’est pas de la philanthropie, c’est une question de cœur. Chez eux, c’est-à-dire chez Vronskï, il y avait un entraîneur anglais, un homme très ca-