Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol18.djvu/71

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— D’ailleurs, ce n’est intéressant pour personne, dit-elle, et s’adressant à l’Anglaise :

please order the tea in the drawing-room.

La fillette se leva et sortit.

— Eh bien ! a-t-elle été reçue à l’examen ? demanda Stépan Arkadiévitch.

— Brillamment. C’est une fillette très capable, et d’un caractère charmant.

— Tu finiras par l’aimer mieux que la tienne.

— On voit bien que c’est un homme qui parle. Dans l’amour, le plus et le moins n’existent pas. J’aime ma fille d’un certain amour, celle-ci d’un autre.

— Je disais à Anna Arkadievna que si elle mettait un centième de l’énergie qu’elle consacre à l’éducation de cette Anglaise, à l’œuvre générale de l’instruction des enfants russes, elle ferait une œuvre grande et utile, dit Vorkouiev.

— Peut-être, mais je ne peux pas. Le comte Alexis Kyrilovitch m’encourage beaucoup (en prononçant les mots comte Alexis Kyrilovitch, elle regarda timidement et involontairement Lévine, qui répondit par un regard respectueux et approbateur) à m’occuper des écoles, à la campagne. J’y suis allée quelquefois. Les enfants sont charmants ; mais je n’ai jamais pu m’intéresser à cette œuvre. Vous dites l’énergie. L’énergie est basée sur l’amour, et l’amour ne se commande pas. Par