Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol18.djvu/80

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Il s’approcha d’elle, elle le regarda et se mit à sangloter.

— Quoi ? Qu’as-tu ? demanda-t-il, sachant d’avance de quoi il s’agissait.

— Tu t’es amouraché de cette vilaine femme ; elle t’a séduit ; je l’ai vu à tes yeux… oui ; et il n’en saurait être autrement… Tu as bu au cercle, tu as joué et ensuite tu es allé chez qui ? Non, partons d’ici… Demain, je partirai…

Lévine eut beaucoup de peine à calmer sa femme, enfin elle s’apaisa quand il lui avoua que les sentiments d’attendrissement unis au vin l’avaient troublé et qu’il avait subi les ruses d’Anna, mais que dorénavant il l’éviterait. Une chose qu’il reconnaissait plus sincèrement, c’était qu’en vivant si longtemps à Moscou, où il ne faisait que causer, boire et manger, il devenait presque idiot. Ils causèrent ainsi jusqu’à trois heures du matin ; alors seulement la réconciliation fut assez complète pour qu’ils pussent s’endormir.