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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol19.djvu/164

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VIII

Un an, deux ans se passent, enfin voilà six ans que Michel vit chez Simon. C’est toujours la même chose : il ne sort jamais, parle rarement, et pendant tout ce temps il n’a souri que deux fois : la première, lorsque Matriona lui donna à manger, la seconde, à la visite du seigneur.

Simon est toujours ravi de son ouvrier, il ne lui demande plus d’où il vient, et ne craint qu’une chose, c’est qu’il ne parte.

Un jour, ils étaient tous ensemble à la maison ; la patronne mettait le pot dans le poêle, les enfants grimpaient sur les bancs et regardaient autour des fenêtres. Près d’une fenêtre, Simon poussait l’alène ; près de l’autre, Michel achevait un talon.

Un des enfants vint s’appuyer sur l’épaule de Michel, regarda à la fenêtre et lui dit :

— Vois, oncle Michel, une marchande avec deux