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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol19.djvu/236

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V

Le paysan mangea un peu, ainsi que la vieille. La petite fille et le petit garçon léchèrent le plat, puis s’endormirent dans les bras l’un de l’autre. Le paysan et la vieille racontèrent leur histoire :

« Auparavant, dirent-ils, nous ne vivions pas très grassement non plus. Mais justement, voilà que rien ne poussa. Vers l’automne nos récoltes étaient déjà épuisées. Tout étant mangé, nous demandâmes aux voisins, puis aux personnes charitables. D’abord on nous donna. Ensuite on commença à nous refuser. Ils auraient bien voulu nous donner, mais ils ne le pouvaient pas ; et puis nous commencions à avoir honte de demander sans cesse. Nous devons à tout le monde, et de l’argent, et de la farine, et du pain. J’ai cherché du travail, dit le paysan ; je n’en ai point trouvé. On travaille juste pour son pain ; pour trouver une journée de travail, il faut