Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol19.djvu/455

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Je voudrais débarquer sur cet îlot pour voir les vieillards, dit l’archevêque. Est-ce possible ?

— Cela ne se peut pas avec le navire, dit le pilote. Il faut un canot pour y aller. Il faut demander au capitaine.

On appela le capitaine.

— Je voudrais voir les vieillards, lui dit l’archevêque. Ne pourrait-on pas m’y conduire ?

Le capitaine voulut le détourner de ce projet.

— On le peut, mais nous perdrions beaucoup de temps. Je me permettrai de dire à Votre Éminence qu’ils ne valent pas la peine d’être vus. Je me suis laissé dire que ces vieillards sont stupides, qu’ils ne comprennent rien, et ne savent pas plus parler que les poissons de la mer.

— Je désire les voir. Je paierai ce qu’il faudra. Conduisez-moi.

Il n’y avait rien à objecter. On fit les préparatifs : on changea de voilure, le pilote vira de bord, dans la direction de l’îlot. On apporta sur l’avant une chaise pour l’archevêque, qui s’assit et regarda. Tous les passagers se réunirent à l’avant pour regarder aussi l’îlot. Ceux qui avaient une bonne vue distinguaient déjà les rochers, et montraient aux autres la grotte. Bientôt même l’un d’eux aperçut les trois vieillards.

Le capitaine apporta la longue-vue, la mit à son œil, et la tendit ensuite à l’archevêque.

— En effet, dit-il, à droite sur le rivage,