Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol2.djvu/226

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feu d’artifice auxquels assistaient les Epifanov. Et c’eût été encore plus gai sans cet insupportable Piotr Vassilievitch, qui, disait Lubotchka, se fâchait en bégayant et dérangeait tout.

Depuis notre arrivée, les Epifanov n’étaient venus que deux fois à la maison, et, une fois, nous allâmes tous chez eux. Après la Saint-Pierre, jour de la fête de papa, pour laquelle vinrent les Epifanov et une foule d’invités, nos relations avec les Epifanov cessèrent tout à fait, et papa seul continua de les fréquenter.

Les rares moments pendant lesquels je vis papa avec Dounitchka[1], comme l’appelait sa mère, voici ce que je remarquai. Papa était toujours de l’excellente humeur qui m’avait frappé en lui le jour de notre arrivée. Il était si jeune, si gai, si débordant de vie, si heureux, que des rayons de ce bonheur se répandaient sur tous ceux qui l’entouraient, et involontairement leur communiquait la même disposition d’esprit.

Il ne s’éloignait pas d’Avdotia Vassilievna. Quand elle était dans la chambre, toujours il lui disait de si doux compliments que j’en étais honteux pour lui ; ou en silence, il la regardait, son tic d’épaule montrait la passion et le plaisir, il toussotait, souriait de temps en temps, même il lui parlait à voix basse, mais il faisait tout cela, de cet air

  1. Diminutif d’Avdotia.