Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol2.djvu/249

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Mais cet hiver la princesse Kornakov donna une soirée. Elle nous invita tous, moi y compris, et pour la première fois je devais aller au bal. Avant de sortir, Volodia vint dans ma chambre pour voir comment je m’habillais. Je fus très étonné et embarrassé de cette attention. Il me semblait que le désir d’être bien habillé était très honteux et devrait se cacher. Lui, au contraire, trouvait ce désir tellement naturel et nécessaire qu’il avoua tout à fait franchement sa crainte que je ne fisse une gaffe. Il m’ordonna de mettre absolument des souliers vernis, il fut effrayé quand je voulus prendre des gants de daim, il suspendit ma montre d’une façon particulière et m’emmena au Pont des Maréchaux chez le coiffeur. On me frisa. Volodia s’éloigna et me regarda de loin.

— Voilà, maintenant c’est bien, mais ne pourrait-on pas lisser ces mèches ? — dit-il en s’adressant au coiffeur.

Mais, monsieur Charles eut beau lisser mes cheveux avec une pommade quelconque, ils se dressèrent quand même quand je mis mon chapeau, et en général, ma tête frisée me semblait beaucoup plus mal qu’auparavant. Mon seul moyen de salut était d’affecter la négligence. De cette manière seule mon extérieur pouvait ressembler à quelque chose.

Volodia, je crois, était de mon avis, car il me demanda de me défriser, et quand je l’eus fait, et que ce ne fut pas encore bien, il ne me regarda