Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol2.djvu/274

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Vassilievna ; son amour pour papa était passionné, dévoué, le sacrifice de soi-même se voyait dans chacun de ses mots, de ses regards, de ses mouvements. Mais cet amour ne l’empêchait nullement, tout en ne voulant pas se séparer de son mari adoré, de désirer un bonnet extraordinaire de chez madame Annette, un chapeau à plumes d’autruche d’un bleu remarquable, une robe de velours bleu de Venise qui laisserait voir la belle poitrine blanche et les bras qui ne s’étaient montrés jusqu’ici, qu’au mari et aux servantes. Naturellement Katenka était du côté de sa mère et entre nous et notre belle-mère, s’établirent d’un coup, dès le jour de son arrivée, des relations étranges et plaisantes. Dès qu’elle sortit de voiture, Volodia, avec une mine sérieuse et des yeux vagues, fit la revérence, s’approcha de maman et dit en plaisantant :

— J’ai l’honneur de féliciter à son arrivée notre charmante maman, et de baiser sa main.

— Ah ! mon cher fils ! — dit Avdotia Vassilievna en souriant de son joli et monotone sourire.

— N’oubliez pas aussi le deuxième fils — dis-je en m’avançant pour prendre sa main et en tâchant involontairement d’imiter l’expression et la voix de Volodia.

Si nous et notre belle-mère avions été convaincus d’attachement réciproque, cette expression eût pu faire croire à de la négligence dans la démonstra-