Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol2.djvu/276

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Dans les premiers temps, Avdotia Vassilievna aimait, en s’appelant belle-mère, rappeler que toujours les enfants et la famille jugent mal la belle-mère et sont injustes pour elle, et comment à cause de cela, la situation de la belle-mère est pénible. Mais tout en prévoyant les désagréments de sa situation, elle ne fit jamais rien pour les éviter : flatter l’un, faire un cadeau à un autre, ne pas gronder, ce qui lui était très facile parce qu’elle était, par nature, très simple et très bonne. Et non seulement elle ne fit pas cela, mais au contraire, tout en prévoyant les désagréments de sa situation, sans attendre l’attaque, elle se préparait à la défense, supposant que tous les familiers voulaient par tous les moyens lui faire des ennuis et l’offenser. Elle voyait partout des embûches et croyait plus digne de tout supporter en silence ; et naturellement, par son attitude, au lieu de gagner l’affection de tous elle ne rencontrait qu’hostilité.

En outre, elle manquait absolument de cette capacité de compréhension, développée chez nous au plus haut degré et dont j’ai déjà parlé ; ses habitudes étaient si contraires à celles de notre maison, que ces faits seuls nous disposaient mal à son égard. Dans notre propre maison, elle vivait toujours comme si elle venait d’y arriver. Elle se levait et se couchait tantôt tard, tantôt de bonne heure, tantôt elle paraissait au dîner, tantôt elle n’y