Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/119

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’hui » ; « J’ai été envoyé par le Seigneur mon Dieu et par son Esprit, et l’Esprit du Seigneur se reposera sur lui, » etc.

Et voilà toutes les preuves de l’Ancien Testament. Je n’en ai pas omis une seule.

L’auteur voit lui-même que ces preuves sont faibles, et que de pareilles preuves, on en peut trouver autant ou même d’avantage dans n’importe quel livre. Il se croit donc tenu à quelques explications. Plus loin il dit :

Mais pourquoi cette idée n’avait-elle pas toute la clarté et la précision désirables ? Pourquoi Dieu ne voulut-il révéler qu’en partie dans l’Ancien Testament, le mystère de la sainte Trinité ? Les raisons en sont cachées dans les plans de son infinie sagesse. Les théosophes en ont assigné deux principales : la première, c’était le caractère général de la nature humaine, bornée et corrompue, qui ne devait être amenée à la connaissance des sublimes mystères de la Révélation que graduellement, suivant la mesure de son développement et de l’accroissement de ses facultés et de son aptitude à concevoir. « Il n’eût pas été sans danger », dit saint Grégoire le théologien, « que l’on nous prêchât clairement le Fils avant que la divinité du Père fût confessée, et qu’avant que le Fils fût invoqué (qu’on me passe la hardiesse de l’expression) on nous surchargeât de la prédication du Saint-Esprit, c’eût été sévèrement compromettre nos dernières forces, comme il arrive à ces gens qui se surchargent l’estomac d’aliments pris outre mesure ou qui, d’une vue faible encore, regardent la lumière de l’astre du jour. Il fallait donc que la lumière de la Trinité éclairât les hommes par degré, les élevât de plus en plus, comme dit David, les fît marcher de gloire en gloire et aller de progrès