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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/173

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nous frappe comme quelque chose de nouveau, inattendu et grossier. La représentation de Dieu, du jardin, des fruits, nous force de douter de la véracité de tout, et quiconque admet la justice se pose involontairement cette question simple, enfantine : Pourquoi Dieu omniscient, omnipotent et omnibon, a-t-il voulu que l’homme créé par lui périsse et avec lui toute sa postérité ? Quiconque réfléchira à cette contradiction voudra évidemment lire ce même passage de la sainte Écriture, qui sert à l’établir. Alors il sera profondément surpris du sans-gêne avec lequel les interprètes ecclésiastiques se comportent envers le texte. Il faut lire attentivement les premiers chapitres de la Genèse et l’exposition, par l’Église, de la chute de l’homme, pour se convaincre que la Bible et la théologie racontent deux histoires absolument différentes.

Selon l’interprétation de l’Église, Adam avait la permission de se nourrir de l’arbre de vie, et le premier couple était immortel. Mais dans la Bible il n’y a rien de pareil, il est dit juste le contraire : « Il faut prendre garde qu’il n’avance sa main et ne prenne aussi de l’arbre de vie, et qu’il n’en mange et ne vive toujours ». (Gen. iii, 22). Selon l’interprétation de l’Église le serpent c’est le diable, et dans la Bible, cela n’est dit nulle part ; et ce ne pouvait être dit, parce que dans le livre de la Genèse, on ne donne aucune idée du diable. Mais on