Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/269

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considéré comme preuve. Mais la preuve principale est fournie par les interprétations des Pères de l’Église, c’est-à-dire de ces mêmes hommes qui ont imaginé le dogme de la rédemption.

1) Saint Barnabé : « Nous croirons que le Fils de Dieu n’a pu souffrir que pour nous… ; c’est pour nos péchés qu’il daigne offrir sa vie en sacrifice ; » 2) saint Clément de Rome : « Nous contemplerons Notre Seigneur Jésus-Christ, dont le sang a été répandu pour nous… nous contemplerons attentivement le sang du Christ, et nous penserons combien ce sang est précieux devant le Seigneur, puisque, versé pour notre salut, il a acquis au monde entier la grâce de la pénitence » ; 3) saint Ignace le Théophore : « Jésus-Christ est mort pour nous, afin qu’en croyant à sa mort nous soyons sauvés de la mort » ; 4) saint Polycarpe : « Il a souffert pour nos péchés jusqu’à la mort… ; il a tout souffert pour nous, afin que nous ayons la vie en lui » (p. 163).

Ou encore un autre passage, spécimen de l’arbitraire et du sacrilège dont tout cet ouvrage est pénétré.

Si quelqu’un des nôtres, animé du seul désir de connaître la vérité, nous demande pourquoi le Seigneur ne souffrit pas toute autre mort que celle de la croix, qu’il sache que cette mort-là, nommément, à l’exclusion de toute autre, pouvait nous être salutaire, et que, cette mort, Notre-Seigneur la souffrit pour notre salut. En effet, s’Il vint se charger lui-même de la malédiction qui était sur nous, comment se serait-Il fait malédiction en souffrant une autre mort que celle qui était sous la malédiction ? Or, une mort pareille, c’est la mort sur la croix ; car il est écrit : « Maudit celui qui est pendu au bois » (Gal., iii, 13). Ensuite, si la mort du Seigneur est la rédemption de tous ; si, par cette mort, est ren-